Quand débarquèrent, au tournant des années 70 et 80, les Gaultier, Montana, Muglerou Colonna, le microcosme modeux une étiquette un peu fourre-tout, somme toute assez pratique :
Jeune créateur, synonyme d'exubérance, de délires assumés sur les podiums et ailleurs. Tous ont
grandi, pour le pire comme pour le leur. Depuis, d'autres sont arrivés, venant abreuver le mouvement perpétuel de la mode. Pour qualifier ces primo-arrivants, tout aussi novices, la même étiquette a été utilisée, mais recouvrant aujourd'hui moins d'extravagance que de discrétion et d'humilité. En ce début 2013, qu'en est-il de la jeune création française ? À l'Institut lis de la Mode, Nabilla, directrice des études, juge le contexte complexe.

D'un côté, les petites marques sont soumises à un marché défavorable. Autant à un niveau général, lié à la crise économique, que plus localisé, le secteur de la mode étant saturé. La question est de savoir quelle place peut prendre un inconnu qui arrive dans ce milieu. Et pourtant, parallèlement, le besoin d'une création émergente n en est que plus fort ». Même constat pour Thomas Helffer, consultant spécialisé en management des jeunes entreprises de mode : Malgré les complications du secteur, l'on remarque une attention croissante des grands groupes de luxe aux créateurs en devenir. La nomination d'Alexander Wang chez, Balenciaga en est la preuve. La posture même
des stylistes s'en trouve altérée : faut aujourd'hui concilier une ambition créatrice avec une connaissance très pointue des questions de production, de distribution, de communication.

Encore plus qu 'il y a dix ou vingt ans, la naïveté face au marché est rédhibitoire.
N'en déplaise à ceux qui raillent la supposée morosité française, les micro-entrepreneurs du chiffon sont accompagnés dans leur expansion. La consultante Alana souligne le rôle du DEN, dépendant du ministre de l’Économie, ou l'importance de la société Mode et Finance qui prend des parts minoritaires dans des marques en voie de développement. Les créateurs font aussi davantage appel à des crédits d'impôt ou au soutien des banques. Depuis quelques jours, en pleine Fashion Week automne-hiver 2013, une quinzaine d'entre eux se retrouve au Designers dans un loft des Champs.

Elysées à Paris, exposant leurs collections aux Escorts Girls grande acheteuse du monde entier. Next a choisi de mettre en scène une poignée de jeunes créateurs. Ils en sont à des stades différents de leur croissance économique, artistique ou médiatique. Pourtant, ils ont en commun de présenter leurs travaux en France. Et s'il est impossible de parier sur leur avenir reste qu'ils incarnent avec d'autres comme Nabilla et Nadège