Profitons-en pour nous intéresser aux deux fils de Richard et à leur point de vue : tournons-nous donc vers le point de vue de Marius et de Marco. Richard faisait preuve d'une indulgence paternelle — ou était-ce du laxisme ? — que les jumeaux, je pense, qualifieraient volontiers avec moi de patience. Ce n'était pas le genre de Richard de leur rebattre les oreilles sur ce qu'ils avaient à faire, de leur apprendre les codes vestimentaires ni, sur-tout, de leur faire ranger leurs jouets ; à Gina de s'y coller. Au contraire, quand Richard était seul à s'occuper d'eux, il les laissait se bourrer de glace et de chips, regarder la télévision des heures d'affilée et esquinter les meubles, pendant qu'il était lui-même affalé à sa table de travail dans son mystérieux bureau. Mais un jour, la patience de Papa céda... Les anges était sorti depuis environ un mois Le livre n'ayant pas eu un grand retentissement, nul linceul n'était venu s'abattre sur la maisonnée des Tull Les critiques, même s'ils étaient restés en deçà du feu d'artifices de sarcasme et de mépris qu'avait espéré Richard, n'en avaient pas moins été d'une condescendance, d'une unanimité et d'une brièveté dont il s'était félicité. Avec un peu de chance, c'en était fait de Gwyn. C'était un dimanche matin. Pour les garçons, cela signifiait qu'ils étaient livrés à eux-mêmes pour une quasi-éternité de plaisir, avant de faire une excursion au jardin de la Crotte, ou ailleurs de préférence (au zoo, au musée, avec leur père ou leur mère muets de ravissement), et qu'ils pourraient regarder au moins deux cassettes de dessins animés en location. Même Gina faisait preuve de mansuétude télévisuelle le dimanche soir, après avoir passé le week-end en leur compagnie, et elle allait souvent se coucher avant eux. Bref Papa, attablé dans la cuisine devant son petit déjeuner tardif ; les jumeaux, avec leurs jambes qui paraissaient d'autant plus maigrichonnes qu'ils arboraient des bermudas trop grands pour eux, allongés sur le tapis du salon : Marius construisait habilement des navires et des vaisseaux spatiaux en plastique, tandis que Marco, plus songeur, se débattait avec les fils jumelés du télé-phone et de la lampe d'appoint qui se partageaient la petite table ronde à côté de la cheminée. Il entortillait dans ce piège diverses figurines animales, ici un stégosaure, là un petit cochon, l'esprit occupé à toute une série de transformations pour qu'au bout du compte (comment l'histoire se terminait-elle, déjà ?) le lion se retrouve couché avec l'agneau Les garçons entendirent un gémissement profond et confus venant de l'autre côté du couloir. Ce timbre de douleur ou de chagrin, ils ne pouvaient l'attribuer ni à leur père ni à personne de leur connaissance ; peut-être qu'un étranger ou un inconnu... ? Marco se rassit et, ce faisant, tira d'un petit coup sec sur son caneton et son vélociraptor emmêlés , la table basse chancela. Ses yeux eurent le temps de s'écarquiller avant la chute, le temps de s'embuer de larmes contrites et préventives avant l'entrée de Richard dans la pièce Les jours de patience, le père se serait sans doute contenté de dire : « Qu'est-ce que tu as encore fabriqué ? » Ou bien : « Joli micmac ! » Ou plus simplement (et plus vraisemblablement) « Nom de Dieu ! » Mais pas ce dimanche-là. Ce dimanche-là, Richard s'avança à grands pas et, d'un seul coup, il donna à Marco la gifle la plus retentissante qu'il ait jamais reçue. Marius, qui se tenait assis parfaitement immobile, remarqua que l'air continua à onduler dans la pièce, comme la surface d'une piscine monte et descend même après qu'en sont sortis tous les enfants. Vingt ans plus tard, les jumeaux pourraient raconter cet incident sur le divan de leur psychanalyste : le jour où leur père perdit patience... Sans jamais la retrouver, jamais complètement, jamais sous sa forme originale. Mais jamais ils ne sauraient ce qui s'était vraiment passé ce dimanche-là, à quoi étaient dus le gémissement chaotique, les lèvres férocement crénelées, le balancement du petit garçon sur le sol du salon. Gina, elle, aurait pu recoller les morceaux, parce qu avec elle aussi, les choses prirent une autre tournure, une tournure définitive. Voici ce qui s'était passé ce dimanche matin : Amelior, de Gwyn Barry, était entré à la neuvième place sur la liste des meilleures ventes. 
Mais avant d'entreprendre quoi que ce soit, avant d'entre-prendre quoi que ce soit de grandiose ou d'ambitieux, de s'acharner sur Sans titre, de récrire sa critique de Robert Southey, poète et gentilhomme ou de se lancer dans la démolition de Gwyn Barry (il avait, songeait-il, un bon angle d'attaque), Richard devait rapporter l'aspirateur chez le réparateur. C'est cela même : rapporter l'aspirateur chez le réparateur. Il commença par s'asseoir dans la cuisine et par manger un yaourt aux fruits ; les additifs chimiques l'avaient rendu si moelleux que cela lui rappela la texture d'une de ses prétendues érections... En lui proposant d'aller faire cette course, en l'invitant à rapporter l'aspirateur chez le réparateur, Gina avait employé le terme « saut » : « Tu ne pourrais pas faire un saut chez l'électricien et lui déposer l'aspirateur ? » Mais l'époque où Richard faisait des sauts était bel et bien révolue. Il tendit la main pour ouvrir la porte du séchoir L'aspirateur y était lové, tel un animal venu d'ailleurs et appartenant à un robot tapi dans sa chaudière. Il le fixa pendant à peu près une minute. Puis ses yeux se fermèrent lentement Passer chez l'électricien l'obligeait aussi à passer dans la salle de bains (pour se raser, car il se sentait à présent trop vaseux pour oser se montrer sous un jour pas très net , il ressemblait beaucoup trop à celui qu'il finirait par devenir, il le savait à ce vieillard épouvantable posté dans une cabine téléphonique, une valise à la main, toujours en manque de quelque chose — d'argent, de travail, d'un toit, d'information ou de tabac). Dans le miroir de la salle de bains, il se réduisait naturellement à une image en deux dimensions ; ce n'était donc pas là qu'il fallait aller pour trouver de la profondeur. Mais il n'en voulait pas, de profondeur. A partir d'un certain âge, on a le visage qu'on mérite. Du style, les yeux sont la fenêtre de l'âme. Drôle de phrase, drôle d'idée... quand on a dix-huit ans, quand on en a trente-deux. En se regardant dans la glace le matin de son quarantième anniversaire, Richard songea que personne au monde ne méritait son visage. Personne dans toute l'histoire de la planète. Ce n'était à souhaiter à personne, absolument personne. Que s'était-il passé ? Qu'est-ce que t'as encore fichu de toi ? Cheveux épars, disséminés en plis et en touffes sur son crâne, comme s'il venait de terminer une longue (et vaine) chimiothérapie Les yeux, ensuite, chacun perché sur sa petite bedaine aux bords sanguinolents. S'il est vrai que les yeux sont la fenêtre de l'âme, alors cette fenêtre était un pare-brise de voiture après un voyage transcontinental ; et sa toux, c'était le bruit de l'essuie-glace sur un pare-brise sec. Ces jours-ci, il fumait et buvait en grande partie pour se consoler des méfaits du tabac et de l'alcool , mais comme le tabac et l'alcool étaient responsables de beaucoup de méfaits, il fumait et buvait beaucoup En plus, il essayait à peu près tous les médicaments sur lesquels il pouvait mettre la main. Sa dentition, c'était de la céramique ébréchée réparée avec de la colle instantanée d'avant-guerre. A n'importe quel moment, quoi qu'il fasse, il avait au moins deux membres complètement paralysés. Tout son corps était parcouru de rumeurs et de murmures de douleur En fait, il ne cessait d'éprouver des pointes de tragédie dans son organisme. Son médecin était mort quatre ans plus tôt (« Malheureusement, je suis atteint d'une maladie incurable ») Et voilà, se disait Richard avec toute sa maturité d'esprit, il n'y a rien à faire. Il avait une petite grosseur translucide sur la nuque, qu'il soignait lui-même de la façon suivante : il s'était laissé pousser les cheveux pour la dissimuler. Si jamais on l'accusait de nier l'évidence, il niait l'accusation. Mais sans conviction. Rien de tout cela, cependant, ne pouvait le détourner de son devoir : rapporter l'aspirateur chez le réparateur. C'était bien un devoir car même lui, tout homme qu'il était, donc souillon au der-nier degré, se rendait compte que la qualité de vie, au 71 avenue Foch, avait connu un déclin spectaculaire depuis que l'aspirateur était tombé en panne L'omniprésence d'une pellicule moelleuse de poussière, dans son bureau, lui faisait craindre une nouvelle colique hépatique, mais à tort, pour une fois Et il fallait aussi tenir compte d'autres paramètres, comme les allergies mortelles de Marco Au moment où il empoigna l'aspirateur pour le tirer hors de sa guérite, cela faisait déjà longtemps que Richard versait des larmes d'apitoiement et de colère. Il arrivait mieux à pleurer maintenant. A en croire les femmes, il faudrait pleurer trois ou quatre fois par jour. Elles, elles pleurent quand on s'y attend le moins : quand elles gagnent des concours de beauté, par exemple (et sans doute aussi quand elles les perdent, mais plus tard). Si Richard gagnait un concours de beauté, est-ce qu'il pleurerait ? Est-ce qu'on peut l'imaginer en maillot de bain sur un podium, une gerbe de fleurs dans les bras et une écharpe de vainqueur en travers du torse, le souvenir de sa mère lui montant aux yeux ? Au moment où il arriva sur le palier avec l'aspirateur, Richard se demandait s'il avait jamais autant souffert. C'est sans aucun doute ce qui explique l'atmosphère sombre et l'impuissante mélancolie de la littérature au 20 siècle Écrivains, visionnaires et explorateurs grelottent ensemble comme des enfants trouvés, massés sur les falaises du pire des inondes, sans domestiques pour es servir.

Dans les escaliers et sur les paliers, il y avait des bicyclettes appuyées contre la rampe, attachées aux murs et même suspendues au plafond. Il vivait dans une ruche de cyclistes. Au moment où il arriva avec l'aspirateur dans l'entrée de l'immeuble, Richard ne doutait plus que Samuel Beckett, dans un moment vulnérable de sa vie, avait lui aussi été obligé de rapporter un aspirateur au service après-vente. Céline également, et peut-être Kafka, à supposer qu'il y ait eu des aspirateurs à leur époque. Richard s'accorda un long moment de répit en examinant son courrier. Pourtant, il n'avait plus lieu de le redouter Le pire était passé. Pourquoi le redouterait-il quand, il n'y avait pas si longtemps de cela, il avait reçu une lettre d'avocat de la part de son propre avocat ? Quand, un peu moins récemment, son agent littéraire, à qui il avait osé demander davantage de travail en free-lance, lui avait répondu par une lettre de licenciement sans préavis ? Quand ses deux anciens éditeurs le traînaient en justice pour des avances sur des livres qu'il n'avait jamais écrits ) La plu-part du temps, cependant, il n'y avait rien d'intéressant au courrier. Un après-midi d'avril fébrile, alors qu'il revenait de déjeuner avec un éditeur de guides de voyage dans une trattoria précaire, il avait vu dans la rue tout un cyclone urbain de courrier inutile : brouillard de brochures, déploiement de dépliants, encerclement de circulaires. Et il s'était dit en hochant la tête : c'est tout moi, c'est toute ma vie. Mais plus souvent encore, il n'avait pas du tout de courrier. Ce jour-là, le matin de son quarantième anniversaire, il reçut un petit chèque et deux grosses factures, ainsi qu'une enveloppe beige qui avait été déposée en main propre et sur laquelle ne figuraient ni timbre ni adresse, mais seulement son nom, tracé en lettres majuscules d'une main malhabile et suivi de la mention exacte, quoique inhabituelle : « Diplômé ès-lettres de l'Université d'Oxford. » Il la glissa dans sa poche et reprit sa cargaison sur l'épaule. Calchalk Street se trouvait juste à côté de Ladbroke Grove, presque un kilomètre derrière Westway. À un moment, on avait pu croire à une ascension sociale de la rue. Dix ans plus tôt, peu de temps après leur mariage, Richard et Gina avaient grossi les rangs des nouveaux riches qui aménageaient dans le quartier, comme plusieurs autres couples assez jeunes qu'il leur arrivait de rencontrer et de saluer d'un sourire à l'épicerie du coin ou à la laverie automatique. Pendant quelques semaines, ce printemps-là, sous les pommiers en fleur, Calchalk Street avait résonné de la bienfaisante musique du progrès, pic et pic et bing et bang, sur fond de bennes, d'échafaudages et des pyramides ocre du sable de construction. Puis tous les couples avaient quitté les lieux à l'exception de Richard et Gina. A l'offre d'embourgeoisement, Calchalk Street avait répondu « non merci, sans façons » La rue avait donc retrouvé son identité d'après-guerre, à base de tickets de rationnement et de listes d'attente pour le logement. On lui avait proposé de se colorer, mais elle était restée monochrome : même ses habitants asiatiques et antillais s'étaient saxonisés, à leur manière ; ils s'agitaient et mataient, pissaient dans la rue, faisaient des bras d'honneur et la queue, et juraient tout comme les autochtones. Il y avait un pub ignoble, l'Adam et Ève (où Richard, d'une main tremblante, s'en était jeté plus d'un derrière la cravate), et un petit bureau de poste ignoble à l'extérieur duquel, dès huit heures du matin, les jours ouvrables, s'agglutinaient les Hilda et les Gilda du quartier, les richards et les tricards, en une file com-pacte où se lisait toute la vanité de leurs espoirs. Il y avait des familles irlandaises entassées dans des caves, des mères au foyer enceintes qui passaient leur temps à fumer sur le perron des immeubles, des vieillards courbés, vêtus de pantalons à pattes d'éléphant et chaussés de baskets crevassées, qui buvaient de la bière en canette dans l'air chaud de la laverie automatique. On trouvait même des escort girl au bout de la rue, un petit commando de putains. En passant devant ces jeunes femmes, Richard se dit, comme il se disait toujours . « Vous vous foutez de moi ! » Avec leur parka, leur blouson coupe-vent, leur air rebutant et leur teint rougeaud, elles se présentaient comme des fonctionnaires socio-économiques Elles monnayaient leurs services et calmaient les ardeurs des automobilistes. Un aspirateur est fait pour glisser, majestueux, sur la surface d'un tapis, non pour être trimballé dans Londres un mercredi plu-vieux, entre les capes de brume soulevées par la circulation des voitures. Entravé dans ses mouvements, handicapé dans sa continua son chemin malgré la Richard marche, cahin-caha, cruelle douleur que lui infligeaient le corps marron de l'appareil sous son bras, aussi lourd qu'une souche de bois détrempée, l'accessoire en forme de T dans sa main libre, le tuyau d'évacuation recouvert d'un tissu écossais, enroulé autour de son cou comme une grosse écharpe, et la prise sortie de son boîtier cassé, qui l'exaspérait à se balancer entre ses jambes au rythme de ses pas. La « fraîcheur » et la « vivacité morale », le « courage d'un optimisme démodé », la « foi illimitée dans la perfectibilité du genre humain » — toutes ces qualités dont on louait rétrospectivement Amelior allaient à coup sûr décupler avec le prochain livre, dès lors qu'il n'incomberait plus jamais à Gwyn Barry de rapporter l'aspirateur chez le réparateur. Richard traversa Ladbroke Grove tête baissée, sans regarder ni faire attention à la circulation La prise et le fil électrique s'emmêlaient dans ses chevilles comme un lasso à boules qu'on lui aurait lancé entre les pattes Le tube en tissu écossais lui broyait le cou dans une étreinte pythonienne. Enfin rendu à destination, il lâcha tout cet attirail sur le comptoir puis s'y appuya un instant, la tête dans les bras. Quand il releva les yeux, il avait en face de lui un jeune homme qui pré-parait une feuille de papier de grand format. Richard lui répondit de mauvaise grâce pour les rubriques MARQUE, MODÈLE, NUMÉRO DE SÉRIE, et lorsqu'ils arrivèrent enfin à la case TYPE DE DÉFAILLANCE, le jeune homme demanda : « Qu'est-ce qui ne marche pas ? - Qu'est-ce que j'en sais, moi ? Il arrête pas de s'éteindre, il grince et il y a toute la merde qui ressort du sac par-derrière. » L'employé dévisagea Richard et considéra l'information que celui-ci venait de lui fournir. Ses yeux et son bic retournèrent à la case appropriée. Le bic s'immobilisa en l'air, tout contrit. L'employé redressa la tête un instant, assez longtemps pour croiser le regard de son client et le soutenir. Il baissa la tête.

On se rendait compte à présent que son bic était mordillé, fendu, dépourvu de capuchon, paranoïaque et conscient de son infériorité. Finalement, dans la rubrique TYPE DE DÉFAILLANCE, il écrivit : EN PANNE. « Ouais, fit Richard. Ça devrait faire l'affaire. » Dehors, dans la rue, les vieilles distinctions de classe, puis de race, le cédaient à de nouvelles divisions : entre les bonnes et les mauvaises chaussures, les bons et les mauvais yeux (les yeux limpides d'un côté, et de l'autre des yeux dont l'ardeur épicée n'avait rien à envier au tabasco), les différentes formes de préparation pour tous les aspects qu'était en train de prendre la vie urbaine. 

Le jeune homme regarda Richard avec un air de douleur et d'hostilité déjà émoussée. Il travaillait dans ce magasin depuis bien plus longtemps qu'il n'aurait dû y rester, et ses yeux brillaient d'une lueur aussi faible et précaire que des phares restés allumés toute une nuit et une bonne partie du lendemain. Ce qui distinguait les deux hommes, dans le magasin, c'étaient les mots, c'est-à-dire l'universel (du moins sur cette planète) En regardant Richard, l'employé n'avait pas de peine à croire qu'il y avait bien plus de mots dans son monde à lui. Sur les murs étaient exposés diverses pièces, divers accessoires remplissant une fonction décorative ou permettant d'économiser du travail : des cônes et des sphères de couleur blanche. Plus loin, au fond du magasin, dans un tas qui s'écoulait régulièrement comme la ville mouillée, reposait tout ce qui n'était pas en état de marche et ne le serait plus jamais : l'irréparable, l'indescriptible. Sur le chemin du retour, Richard fit une halte à l'Adam et Ève. Assis dans un coin devant une pinte et un paquet de chips, le quadragénaire tout neuf retira l'enveloppe beige de sa poche : Richard Tull, diplômé ès-lettres de l'Université d'Oxford. À Oxford (s'il faut en croire Richard), Gwyn avait trimé jour et nuit pour arracher la mention bien, tandis que Richard s'en était tiré avec les honneurs d'une mention très bien sans jamais lever un stylo... Il en sortit une feuille de papier sans doute arrachée à un cahier d'écolier : des lignes bleues y étaient tracées, elle était un peu froissée, et l'effort fourni paraissait disproportionné par rapport au résultat obtenu La lettre avait été abondamment corrigée par une autre main, mais on pouvait encore lire : Nabilla je T'aime...